Covoiturage courte distance : bilan 2023 et enjeux 2024

Covoiturage courte distance : bilan 2023 et enjeux 2024

Rétrospective et prévisions


En 2023, les préoccupations écologiques et l’inflation redessinent le paysage des déplacements. Le nombre de covoiturages réalisés au cours de l’année surpasse ceux de 2022 : il a tout simplement doublé !
Avec un développement du covoiturage porté par la contrainte économique, on constate tout de même un fort attachement des Français à leur véhicule personnel et à l’autosolisme. La nécessité pour les entreprises et les collectivités de prendre part dans l’incitation à l’usage du covoiturage est réelle. Quel bilan tirer de cette année ? Comment envisager l’avenir du covoiturage courte distance ?

Covoiturage courte distance : en quête de durabilité

Quelles ont été les grandes tendances 2023 ?

Les chiffres révèlent une nette prédominance de l’usage de véhicules individuels pour les trajets domicile-travail, soit 70 %1 d’entre eux. Toutefois, à la rentrée de septembre, une croissance de plus de 35 % du covoiturage quotidien en comparaison à septembre 2022, a pu être constatée.

Cette accélération du nombre de trajets sur l’ensemble de l’année 2023, est certes liée à la hausse des prix des carburants, mais plus particulièrement à l’engagement des collectivités, des entreprises et de l’État dans le covoiturage. En effet, dès janvier 2023, les Français ont pu bénéficier des incitations à covoiturer du Plan Covoiturage du Gouvernement, avec la Prime Covoiturage, des politiques de financement des plateformes dédiées assorties d’avantages financiers pour les passagers et conducteurs.

Est-ce que les Français seraient prêts à se passer de voiture ?

Une étude d’Ipsos pour Europ Assistance2 indique que 76 % des Français ne seraient pas prêts à renoncer à leur véhicule personnel, ce qui constitue le taux de refus le plus élevé d’Europe. Cette réticence est toutefois moins marquée dans les grandes villes, ce qui s’explique en partie par une meilleure desserte via les transports en commun.

En revanche, dans les zones rurales, où l’accès aux transports en commun et leur maillage sont parfois limités, la voiture demeure indispensable pour les salariés qui doivent se rendre au travail. Ces constats soulignent le besoin de rendre les zones péri-urbaines davantage accessibles, en particulier les sites des entreprises et les bassins d’emplois.

Quels sont les indicateurs clés des tendances du covoiturage courte distance ?

En octobre 2023, le Ministère de la transition écologique transmettait, sur l’Observatoire national du covoiturage au quotidien3, des chiffres encourageants. On compterait :

  • 9 628 311 trajets rien qu’en 2023 ;
  • 236 794 135 km parcourus, sur une distance moyenne de 24,25 km (avec un temps de trajet moyen de 24 minutes) ;
  • 29 millions d’euros d’économie et 45 466 tonnes de CO₂ économisés.

Résultats : une économie de 3 890,9 tonnes de CO₂ et de 1 269 033 litres de pétrole a été enregistrée.

Ces informations montrent que la majorité de ces déplacements, réalisés à l’intérieur du territoire français (95,4 % selon l’observatoire national du covoiturage), sont effectués par des personnes qui se rendent sur leur site d’emploi. Pourtant, ces sites ne sont pas toujours très éloignés de leur domicile, ils sont surtout peu accessibles ou nécessitent un trajet devenu trop coûteux.

Tour d’horizon des acteurs du covoiturage en France

Qui sont les usagers du covoiturage courte distance ?

Les adeptes du covoiturage courte distance se composent donc en grande partie de salariés. Ces utilisateurs trouvent dans le covoiturage une solution idéale pour leurs déplacements quotidiens vers leur lieu d’emploi, souvent peu ou pas accessible en transport en commun.

Aussi, l’augmentation du prix de l’essence, et plus globalement l’inflation, a poussé une partie de la population à se tourner vers le covoiturage.
Le covoiturage offre ainsi une série d’avantages :

  • une augmentation du pouvoir d’achat ;
  • une réduction des émissions de CO₂ ;
  • une solution de mobilité, surtout dans les zones où les transports en commun sont peu déployés.

Les chiffres de l’observatoire du covoiturage3 révèlent par ailleurs une augmentation notable du nombre de nouveaux conducteurs et de passagers adeptes du covoiturage à la rentrée de septembre. Ce phénomène peut être attribué au retour à l’activité professionnelle et donc à la reprise des trajets domicile-travail, mais également au succès du plan de covoiturage.

Qui sont les opérateurs du covoiturage courte distance ?

Les opérateurs, définis comme des sociétés qui déploient des solutions digitales pour la mise en contact des covoitureurs, sont au cœur de l’évolution de cette pratique de mobilité partagée. Certains proposent des formations et animations pour accompagner cette nouvelle habitude de déplacement.

Actuellement, le Registre de preuves de covoiturage ne recense pas moins de 23 opérateurs de covoiturage en France. Ce registre donne la possibilité aux opérateurs répertoriés de partager les chiffres clés des trajets effectués par leurs utilisateurs, en toute transparence. Ainsi, les autres acteurs sont en mesure de mieux évaluer l’impact des politiques mises en place pour étendre l’usage du covoiturage dans leur entreprise ou sur leur territoire.

À noter

Ces informations sont à nuancer : si de nombreux opérateurs sont effectivement référencés dans le Registre de preuves de covoiturage, certains n’existent plus et le marché se structure par ailleurs autour d’un noyau réduit d’opérateurs principaux.

Le choix d’un opérateur vient cristalliser la volonté d’agir via une politique de mobilité aux côtés d’un acteur qui se doit de mettre son expertise au service de la mise en relation des covoitureurs et de la production de trajets. Sans opérateur qui agit comme un expert en mobilité, impossible de pousser à l’usage régulier d’une solution.

Comment les collectivités et les entreprises jouent-elles un rôle clé dans la promotion du covoiturage ?

Un pic de trajets de covoiturage a pu être observé en mars 2023 – ils sont deux fois plus élevés qu’au cours de l’année précédente, le même mois. Cette augmentation est le fruit du succès des incitations gouvernementales, notamment le déploiement des primes de 100 € destinées aux covoitureurs4.

Ces données prouvent que l’incitation financière est un mécanisme clé pour stimuler l’adoption du covoiturage. L’État se révèle être un acteur qui contribue fortement à la notoriété du covoiturage grâce à de telles incitations.

Si les opérateurs ont un rôle crucial à jouer, c’est surtout leur collaboration avec les collectivités et les entreprises qui permettra la promotion efficace de leurs services.

Au niveau de la collectivité, c’est donc via l’organisation de la mobilité sur le territoire et le choix d’un opérateur compétent qui renforcera l’usage du covoiturage courte distance. La collectivité revêt également d’un rôle de communication, de financement et d’animation auprès d’un collectif d’employeurs.

Au niveau des entreprises, l’objectif est non seulement de diminuer son empreinte carbone, mais relève surtout d’une volonté d’attractivité des sites et du souhait d’un meilleur pouvoir d’achat pour ses employés. Elles peuvent également agir plus concrètement en mettant en place le forfait mobilité durable pour leurs salariés.

Horizon 2024 du covoiturage : développer la mobilité à son échelle

Les incitations financières pour le covoiturage courte distance ont été renouvelées à l’identique pour 2024. Les acteurs clés du covoiturage restent les mêmes. Ils devront tendre à mettre en place des politiques incitatives pour normaliser l’usage de la mobilité partagée.

Ainsi, au vu de l’état des lieux du covoiturage, voici quelques suggestions pour contribuer à encourager la pratique de cette mobilité à l’échelle de l’entreprise ou de la collectivité.

Garantir une utilisation normalisée avant de déployer des infrastructures

En 2023, des voies dédiées au covoiturage ont vu le jour partout en France, ainsi que des installations de contrôle divers. On pense notamment aux détecteurs thermiques, souvent assortis d’amendes dissuasives pour les conducteurs empruntant une voie dédiée sans passager covoitureur.

Bien que les investissements dans l’infrastructure soient importants, la stratégie préconisée est de d’abord penser à développer et accompagner l’usage véritable du covoiturage avant de porter des projets d’équipements. L’objectif est d’éviter de prendre le risque d’avoir des structures coûteuses et sous-utilisées.

Dans les faits, la génération de trajets nécessite un accompagnement sérieux des usagers, porté par une méthodologie structurée pour la mise en place du service. Pour ce faire, un opérateur avec une solide expérience, une base d’utilisateurs active et des outils conviviaux, notamment une application simple à prendre en main, sont essentiels.

Cela s’applique également aux entreprises des territoires, où la mise en place de parkings réservés au covoiturage sans une promotion active de l’usage s’avérerait peu efficace.

Veiller à l’animation de la solution de covoiturage sélectionnée

En 2024, les entreprises et collectivités devraient axer leurs efforts sur plusieurs fronts afin de garantir un meilleur accès aux sites d’emploi, notamment en :

  • veillant à l’animation de la solution au sein des sites ;
  • mettant en place de la pédagogie autour des incitatifs financiers disponibles ;
  • formant des référents en mobilité, comme un relais au sein de la collectivité et/ou auprès des salariés ;
  • s’aidant de reportings sur l’utilisation du service, afin d’affiner la mise en place et jauger en temps réel les effets de la solution.

Cette démarche exige du temps et de l’expertise. Choisir un opérateur proposant ce genre de compétences et d’outils permet une transition fluide et efficace vers une mobilité partagée.

À retenir

Un opérateur efficace ne se contente pas d’installer une solution, il doit la faire vivre, l’adapter aux besoins des usagers et animer ses services.

Exploiter pleinement le Fonds vert

Si les conditions d’attribution du Fonds vert restaient similaires en 2024, les collectivités auraient, par exemple, la possibilité de déposer plusieurs dossiers, permettant une diversification des initiatives. Jusqu’à 50 % des coûts de mise en place de solutions de covoiturage pourraient ainsi être couverts par ce fonds.

La collaboration entre collectivités est par ailleurs encouragée, notamment sous l’égide de la région en tant qu’AOM régionale, afin d’assurer la continuité des services au-delà des frontières administratives.

Ainsi, le contrat opérationnel de mobilité, réunissant régulièrement AOM locales et régionales, représente l’outil clé pour travailler en complémentarité, favorisant ainsi une coordination efficace des initiatives de covoiturage.

L’année 2023 marque une période charnière pour le covoiturage courte distance en France, stimulée par des préoccupations écologiques croissantes et une inflation généralisée. Les chiffres témoignent d’un accroissement significatif, avec une adhésion des usagers, notamment dans le contexte du quotidien et du travail. Si les collectivités et entreprises se présentent comme des acteurs clés pour normaliser l’usage du covoiturage, le choix d’un opérateur aguerri s’avère indispensable.

Notes
1. Le covoiturage en France, ses avantages et la réglementation en vigueur, Ministère de la transition énergétique
2. Entre préoccupations économiques et environnementales, les Européens réinventent leurs habitudes de mobilité, Ipsos
3. Observatoire national du covoiturage au quotidien, Ministère de la transition écologique
4. 3 mois du plan covoiturage, Ministère de la transition énergétique

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